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Taux d'activité: Baisser son taux de travail pour vivre mieux

De nombreux cadres ne veulent plus de responsabilités. Ils préfèrent renoncer à leur carrière plutôt que d’accumuler le stress. Baisser son taux d’activité: une tendance qui progresse.

07/05/2021 De: Équipe de rédaction de WEKA
Taux d'activité

Se remettre en question professionnellement

«Lorsque l'une de mes employées a craqué, j'ai décidé qu'il fallait changer quelque chose à ma vie», raconte Sophie Barathieu, ancienne cheffe de l'administration et des finances d'une grande entreprise, qui s'est reconvertie dans le social. Souvent, c'est un évènement marquant qui pousse une personne à se remettre en question professionnellement: un changement de management, un licenciement, un burn-out, l'arrivée d'enfants, ou encore un divorce.

«Face à de telles situations, certains cadres ressentent un grand vide, observe dans PME Magazine Edna Didisheim, psychologue du travail et conseillère en management à Lausanne. Ils n'arrivent plus à donner du sens à leurs semaines de 80 heures. Ils décident alors de réduire leur temps de travail ou de se reconvertir professionnellement dans une activité plus proche de leurs valeurs.» Si cette situation concerne encore une minorité d'employés, la psychologue considère que «depuis environ cinq ans, cette tendance a progressé».

Une croissance corroborée par Eva von Rohr, directrice du cabinet de conseil en carrière Von Rohr: «Je constate dans ma pratique que de plus en plus de cadres cherchent à harmoniser leur vie privée et professionnelle et à aligner cette dernière selon leurs propres valeurs. Ils cherchent à mieux gérer leur temps et leur énergie disponible, quitte à gagner moins d'argent.» Un phénomène que la conseillère en carrière explique par une recherche de sens à la vie, face à un monde du travail de plus en plus orienté vers la production et le profit à court terme.

«Le modèle linéaire de progression de carrière est également mis à mal, ajoute Eva von Rohr. Il existe de moins en moins d'opportunités d'évolution car les structures hiérarchiques sont devenues plus horizontales. Alors certains cadres se disent que s'ils ne peuvent pas progresser, pourquoi ne pas opter pour une position moins stressante, à temps partiel même si elle est moins bien rémunérée.» Pour la sociologue du travail Nicky Le Feuvre, professeure à l'Université de Lausanne, cette tendance s'explique aussi par «une résistance à un horaire hebdomadaire qui se rallonge et un rythme de travail qui s'intensifie. Malheureusement, seule une minorité d'employés peuvent se permettre un tel changement, les autres n'ayant pas de salaires assez élevés pour cela.»

Le changement dans les entreprises

Ces dernières années, plusieurs entreprises ont mis en place des politiques de ressources humaines qui soutiennent les employés désireux d'évoluer vers d'autres fonctions ou plus de temps libre. Parmi celles-ci, on trouve de grandes sociétés comme Eli Lilly, Credit Suisse ou La Poste, et aussi de plus petites comme le CSEM à Neuchâtel. «Il s'agit d'une tendance de fond, indique Karin Berney, directrice des ressources humaines chez Eli Lilly. Nous l'intégrons dans notre politique: tout collaborateur peut demander à diminuer son temps de travail. Si cela n'est pas possible, nous évaluons ensemble la possibilité de changer de fonction. Actuellement, 20% de nos employés travaillent à temps partiel. Lorsque l'équilibre d'un employé est assuré, on peut compter sur une performance supérieure et un taux d'absentéisme plus bas que la moyenne.»

Si certaines entreprises sont plus ouvertes que d'autres, obtenir un temps partiel ou un changement de poste n'en reste pas moins délicat. «Il est plus facile de demander une réduction de temps de travail auprès de son employeur lorsque l'on est déjà au bénéfice d'un emploi que de chercher un poste à temps partiel sur le marché du travail, souligne Vincent Chevalley, directeur de la région de Genève chez Manpower. En recherche d'emploi, il faut évidemment valoriser ses compétences, en montrant la valeur ajoutée que l'on apporte à l'entreprise.»

Travail à temps partiel: les hommes aussi

Conséquence logique de leur augmentation, les cadres qui choisissent de ralentir le rythme sont de moins en moins considérés comme atypiques, que ce soit au sein de l’entreprise ou auprès de leur entourage. «Le concept du work-life balance, qui nous vient des pays anglo-saxons, commence à faire son chemin auprès des directeurs de ressources humaines», explique Vincent Chevalley. Traditionnellement privilégié par les femmes avec enfants, le temps partiel commence par exemple à être davantage l’apanage des hommes et il est demandé pour des raisons autres que familiales. «Cela peut être pour une passion, un engagement politique ou associatif, ou souvent, pour bénéficier d’un mode de vie moins stressant», souligne Edna Didisheim.

Travail à temps partiel: données, indicateurs

Actuellement, plus de la moitié des femmes qui exercent une activité professionnelle ont un emploi à temps partiel, contre seulement un homme sur huit. Le travail à temps partiel est ainsi une caractéristique de la vie professionnelle des femmes. Un poste à temps partiel est souvent synonyme de conditions d’emploi précaires, d’une couverture sociale insuffisante (caisse de pensions, p. ex.), d’obstacle à une formation continue et à la réalisation d’une véritable carrière. Cependant, le travail à temps partiel permet aussi d’assumer par ailleurs d’autres activités, comme de consacrer du temps aux enfants, de prêter assistance à des tiers ou de vaquer aux tâches domestiques.

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