Culture d'entreprise et innovation: Quelle culture d’entreprise pour favoriser l’innovation?

L’innovation ne se décide pas, et encore moins dans un grand groupe. Mais quel est donc le prix à payer pour surprendre favorablement le marché et émerger avec la solution que les consommateurs/clients vont s’arracher ? Sous la pression du modèle des Start-up, les entreprises doivent se réinventer avec une culture d’entreprise faisant la part belle à de nouveaux modes d’action et de management : vitesse, collaboration, transversalité, co-construction…

24/02/2022
Culture d'entreprise et innovation

Open Innovation

Derrière chaque innovation, se cache une vision et certainement aussi une culture d’entreprise. Pour que l’innovation se concrétise et réussisse, des processus intellectuels et managériaux permettent à une bonne idée de départ de devenir un projet solide. Comment définir cette culture d’entreprise ? On pourrait commencer par indiquer qu’il s’agit du contexte idéal pour accueillir des idées, éviter les résistances de principe, libérer la parole de toutes les expertises (ingénieur, marketing, commercial), composer avec les egos… Pour Julien Masson, CEO de Whyers, une Start-up spécialisée dans l’accompagnement à la création de projets, les grands groupes sont a priori en difficulté sur ce terrain. « Dans ces structures, produire de l’innovation revient souvent à constater la mise en action de tous les anticorps. Les gens ne perçoivent que des problèmes et des difficultés. A ce titre, une culture de l’entrepreunariat reste à développer. »

La culture de l’entrepreneuriat passe certainement par une vraie capacité à collaborer. On appelle ça l’innovation ouverte. Quand l’innovation n’est plus l’apanage du héros solitaire mais l’affaire de tous, le résultat d’une collaboration à grande échelle. Premier principe : la collaboration doit être orchestrée selon le bon tempo… Ainsi, peu importe l’idée (brevetée ou protégée), seule compte « la mise en œuvre immédiate de cette idée pour la co-construire avec ses partenaires et la faire évoluer en temps réel selon les usages et les retours de l’utilisateurs final » explique Sebastien Orifici, Directeur Communication de Schneider Electric et Professeur affilié en charge du cours Innovation & Business Development à l’EDHEC Business School. En d’autres termes, une entreprise innovante se distingue par la vitesse d’exécution de ses projets. Son leitmotiv ? Arriver le plus rapidement possible à un prototype et soumettre ce prototype au plus grand nombre pour évaluer sa pertinence et le faire évoluer si besoin. La vitesse d’exécution repose sur l’agilité et la capacité à organiser les échanges à tous les niveaux :

  • En interne, à travers un management transversal.
  • En externe, à travers un écosystème de clients, prestataires et partenaires.

Sur la piste de l’intelligence collective

Dans le même esprit collaboratif, l’intelligence collective émerge comme une démarche susceptible de produire de l’innovation en capitalisant sur les apports de chacun. « L’intelligence collective, comme l’écrit le philosophe Pierre Levy, est la capacité à maximiser la liberté créatrice et l’efficacité collective » souligne Corinne Werner, Responsable Intelligence collective au sein de la Direction des Relations Humaines et de la Transformation à la Française des Jeux. Le Groupe de jeux de loterie et paris sportifs a ainsi construit une démarche itérative et apprenante baptisée le ZINC. Celle-ci consiste en des ateliers rassemblant des collaborateurs autour de problématiques métiers. Ensemble, ils vont trouver des solutions pour répondre à leurs enjeux clients. Le fait de confronter les univers et les sensibilités permet des échanges plus riches et des idées plus originales. « Evidemment, l’objectif est de développer une vision très opérationnelle en ne perdant jamais de vue la nécessaire implémentation du projet et, à terme, la création de valeur. »

A la FDJ, un atelier d’intelligence collectif se décompose en 5 étapes. Tout d’abord, il s’agit de définir le périmètre de l’échange. Puis, vient le temps des idées où chaque personne laisse parler sa créativité. La troisième étape est appelée le prétotypage : les participants de l’atelier formalisent le concept et esquissent ses grandes formes. Cette étape est suivie par l’implémentation de l’idée. Enfin, les personnes font le bilan du projet, non seulement au niveau des collaborateurs sur leur expérience de l’atelier mais également auprès des clients (internes ou externes) pour vérifier que le livrable a répondu à leurs demandes.

En mode Start-up

Le CEO de Whyers, Julien Masson, a décidé d’introduire la culture Start-up dans les grands groupes. Comment ? A travers un kit intitulé « Pop-up start-up » consistant à créer une start-up éphémère dans un grand groupe. « Une innovation tourne autour de la proposition de valeur. Pour estimer cette proposition de valeur, il est nécessaire de scénariser le service et lui donner corps. C’est ce que nous apportons à ces entreprises » souligne-t-il.

De la même façon que des entrepreneurs pitchent un projet sur des plateformes de crowdfunding, Whyers aide une entreprise à scénariser un projet (brainstorming, design, storyboard…) et lui donne les moyens de le vendre en interne (business model, présentation de partenaires technologiques…) « Nous faisons venir le porteur du projet dans une pépinière de start-up et organisons un workshop avec des start-upers. C’est le moment où chacun partage ses compétences et confronte ses idées. On entre dans un schéma de co-création très intéressant. Par rapport à l’idée initiale, on gagne un temps considérable. » Récemment, Whyers a accompagné un groupe énergétique qui voulait repenser le processus de maintenance de ses tuyaux grâce à la technologie prédictive. « Notre démarche permet d’évaluer l’envie de différentes personnes à rejoindre une aventure. Lors d’un crowdfunding, si le projet n’atteint pas levée de fonds, c’est que le produit ou le service n’intéresse pas, et inversement. Nous cherchons à recréer ces conditions. »

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