Entraînement mental: Le succès est une question d’attitude

«Winners never quit and quitters never win.» Cette phrase de Vincent Thomas «Vince» Lombardi, entraîneur de football américain, est toujours d'actualité. Cette slogan, qui date des années 60, sert encore aujourd'hui de credo à de nombreux sportifs de haut niveau. Et ses stratégies servent d'inspiration à de nombreux entrepreneurs. Comment motiver les collaborateurs à donner le meilleur d'eux-mêmes? Et comment assurez-vous, en tant qu'entrepreneur et/ou cadre, la stabilité physique et psychique de vos collaborateurs et de vous-même afin d'éviter de longues périodes de silence?

03/07/2024 De: Matthias K. Hettl
Entraînement mental

Entraînement mental

Les sportifs de haut niveau le savent depuis belle lurette: le bon équilibre entre la performance maximale, la récupération et la régénération est de toute première importance si l’on entend à la pression du succès. L'entraînement mental travaille de manière globale, orientée vers les objectifs, les ressources et les solutions, en se concentrant sur les forces et les ressources individuelles. La pensée, la volonté et l'action sont influencées consciemment dans le but de maîtriser les tâches de manière autodéterminée, de réaliser des projets avec succès et d'assumer sa propre responsabilité. 

L'entraînement mental consiste à se préparer mentalement, à s'immerger dans une situation que l’on anticipe. Celui qui s'entraîne mentalement peut relever les défis avec clarté, motivation, en fonction des objectifs, assurance, confiance en soi, enthousiasme, calme et plaisir au travai, sur le plan physique également. Des outils de base dont profitent aussi bien les cadres et les managers que les sportifs professionnels. 

Une bonne autogestion se caractérise par une certaine force mentale et émotionnelle. La force mentale signifie que l’on est capable d'exploiter pleinement son potentiel le jour J, en dépit de l'adversité et des facteurs de perturbation internes et externes. Comment pouvez-vous utiliser les techniques mentales dans le monde du travail?

Penser en terme de succès

Dans le sport comme dans le management, il s'agit essentiellement de motivation, de compétition, de réalisation d'objectifs, de succès, de prise de décisions, de gestion de l'énergie, de leadership, de mise en œuvre de stratégies ou de tactiques «correctes» et de développement personnel. Les techniques permettant d'être bon, et si possible meilleur que les autres dans ces domaines peuvent facilement être transférées du sport au business. 

Notre tête fonctionne comme un ordinateur biologique qui peut faire bien plus que les ordinateurs traditionnels et que l’on n’a de loin pas étudié de manière exhaustive. Mais une chose est d'ores et déjà certaine: celui qui équipe son ordinateur biologique du bon logiciel peut bénéficier de programmes de soutien dans des situations de stress. Si l'on «programme» sa tête de manière optimale et que l'on alimente régulièrement ce logiciel mental, on pourra, dans les périodes de défis particuliers, faire appel systématiquement aux bons programmes.

L'énergie suit la pensée

Si vos pensées vont déjà inconsciemment dans la bonne direction, votre énergie suivra automatiquement. Si, la veille d'une présentation importante, vous pensez: «J'espère que je ne vais pas me planter», vous favorisez l'échec, votre pensée étant dominée par la peur d’échouer. Le cerveau enregistre votre appréhension de l’échec, qu'il considère comme des instructions. C'est la menace de ce que l’on appelle une prophétie auto-réalisatrice. En revanche, si vous vous imaginez en train de tenir votre discours avec brio et de captiver votre auditoire, votre esprit créera un scénario qui ne pourra que se terminer sur une note positive. Il fera en effet tout pour que votre idée devienne réelle.

Activer les soutiens intérieurs

Les attitudes négatives peuvent faire place à des attitudes positives, accompagnées d’images et de modes de pensée positives, qui font que nous pouvons écrire de nouveaux programmes de soutien. Soyez attentif à votre dialogue intérieur. Combien de fois vous arrive-t-il de douter (de vous-même) ou de vous dévaloriser? De telles pensées agissent comme des freins. Si, au contraire, votre dialogue intérieur est constructif, stimulant et orienté vers l'action, alors vous posez ipso facto les jalons du succès – et vous vous donnez des ailes. Se parler à soi-même peut suffisamment longtemps, à voix haute ou non, peut changer de tout au tout les croyances antérieures. Analysez vos dialogues intérieurs avant, pendant et après les situations de stress et identifiez ceux qui ont permis d’influer favorablement sur votre action. Tirez-en des phrases à la première personne, courtes et faciles à retenir, de dix mots maximum, au présent, par exemple «Je me sens fort». 

Les phrases sont toujours formulées de manière positive et affirmative. Respirez longuement et profondément lorsque vous les prononcez et notez-les comme aide-mémoire sur des post-it que vous collerez sur votre ordinateur ou que vous enregistrerez comme image de fond sur votre smartphone ou votre ordinateur. Cela aidera votre subconscient à mémoriser le message.

Visualisation et cinéma mental

La visualisation est une technique clé de l'entraînement mental. La représentation imagée influence notre subconscient et active des réseaux spécifiques dans le cerveau. Les sportifs de haut niveau visualisent au préalable les séquences de mouvements afin de pouvoir les exécuter de manière optimale le moment venu. Les objectifs peuvent également être visualisés. 

Le fait d’anticiper mentalement la réalisation d'un objectif génère de l'enthousiasme et active l'énergie. Les objectifs qui ont déjà été vécus plusieurs fois avec succès dans l'imagination renforcent la confiance en soi et la volonté. Ils ont un effet positif sur l'avenir, au sens de «prophéties auto-réalisatrices». 

L'expérience répétée de l’atteinte d'un objectif est un élément essentiel de l'entraînement mental. Plus on se place dans cet état d'esprit, plus la carte mentale correspondante se renforce. C'est ici que le chemin vers le succès est en quelque sorte tout tracé. Un entraînement mental régulier a pour effet de transformer les «petites routes» neuronales en véritables «autoroutes». Du point de vue de la physiologie du cerveau, on assiste à la formation de réseaux neuronaux stables (voir Hüther, 2004).

Des scénarios pour des entretiens difficiles

Le cinéma mental permet également de visualiser des solutions possibles à des problèmes ou des images paisibles pour se détendre. Le pouvoir des images positives est tout aussi efficace au travail. Écrivez donc un scénario pour un entretien difficile ou un discours à venir. Lors de la visualisation, faites appel à tous les canaux sensoriels (voir, entendre, toucher, sentir, goûter) et associez les sentiments aux images. 

Il est important de pratiquer régulièrement la visualisation en amont afin de programmer votre subconscient. Cela en vaut la peine car les doutes, le stress et les peurs diminuent, des sentiments positifs sont mis en route et on peut mieux se concentrer sur l’objectif. Dans une situation réelle, votre esprit se focalise donc sur ce dernier et ne se laisse pas aller à des pensées négatives du genre «je vais encore bégayer!»

Cadre cible positif

Les sportifs de haut niveau savent généralement quels objectifs ils veulent atteindre, des objectifs clairement formulés, positifs et attrayants étant la clé du succès. L'exemple du Bayern Munich lors de la finale de la Ligue des champions 2010 montre l'importance d'une telle formulation. Pendant des mois, en fait deux ans, l'objectif déclaré était une finale à domicile et non pas une victoire finale. Des semaines avant la finale, les médias célébraient déjà la réalisation de l'objectif. Ce qui a manqué aux joueurs du Bayern en finale, c'est la détermination et la force de s'imposer pour gagner, parce qu'aucun programme de «victoire à domicile» n'était ancré dans leur esprit. Formulez un objectif uniquement pour vous et toujours en termes positifs (sans négation), sans comparaison, réaliste, concret en termes de sens (visualisation de l'objectif), vérifiable, actif, réalisable par soi-même, intéressant, individuel et visionnaire. Intégrez des objectifs d'étape. En les formulant, posez-vous également les questions suivantes: de quelles ressources externes et internes ai-je encore besoin pour atteindre mon objectif? Y a-t-il en moi et dans mon entourage des objections et des réserves à l'égard de cet objectif? Outre cette visualisation de l'objectif, vous pouvez par exemple charger sur un cadre photo numérique des images que vous y associez. Placé sur votre bureau, il les affiche en boucle. Ainsi, vous avez toujours votre objectif sous les yeux et votre inconscient et votre conscient s'en nourrissent.

Routines et rituels

Qu'est-ce qui confère une stabilité mentale à un professionnel du golf? La pratique de routines, tout simplement. Un rituel est une action ou une procédure qui se déroule de manière constante selon des règles fixes et qui a une valeur symbolique. Les rituels ordonnent les processus, confèrent ainsi de la sécurité, offrent la possibilité de se reposer, bref: ils donnent de la force. Tiger Woods porte par exemple traditionnellement la couleur rouge lors des finales. D'autres sportifs font le signe de la croix avant le départ, les bobeurs caressent la glace, l'un de mes clients, futur pilote de Formule 1, monte toujours dans sa voiture du côté gauche, le pied droit en premier, et enfile toujours son gant droit et sa chaussure droite en premier dans la voiture. Pour le footballeur Mohamed Salah, le rituel qu'il célèbre avant chaque match a d'ailleurs une signification religieuse: lorsqu'il écarte les mains et se recueille, il demande l'aide d'Allah. 

Avant des présentations importantes, des entretiens d'embauche ou des négociations, c'est-à-dire des défis professionnels particuliers, les managers peuvent également développer des rituels afin de préserver leur équilibre intérieur. De même, un rituel de fin de journée, par exemple une douche et un changement de vêtements, facilite la transition entre le travail et les loisirs, tout en assurant une délimitation claire et une prise de distance mentale.

Momentum mental

Pour les sportifs comme pour les managers, il est important de prendre du recul dans les moments décisifs. Si quelque chose a mal tourné et que j'ai besoin de toute ma concentration et de mon calme pour l’étape suivante, je ne dois pas m'énerver longtemps. Les ruminations, les regrets, les doutes ou la colère perturbent en effet la concentration et me bloquent. Si une réunion importante est prévue au travail et que vous êtes encore en train de vous énerver à cause d'un e-mail, considérez le seuil de votre bureau comme la ligne à partir de laquelle vous laissez votre colère derrière vous. Cela signifie que dans votre bureau, vous pouvez exprimer votre colère, par exemple en maugréant ou en tapant du pied. 

Analysez brièvement les raisons qui ont conduit à cet e-mail et ce qui vous a particulièrement énervé. Quittez la pièce en laissant la colère derrière vous, elle fait déjà partie du passé. En sortant de la pièce, concentrez-vous sur votre respiration, car elle vous ramène à l'ici et maintenant. Utilisez le couloir pour vous remettre d’aplomb, par exemple en focalisant votre respiration (respirez longuement et profondément, l'expiration dure plus longtemps que l'inspiration), en visualisant votre réussite future (vous vous souvenez d'une négociation réussie lors d'une réunion similaire et vous vous l’imaginez dans le cinéma de votre tête), en ayant des pensées positives, des affirmations (conversations positives avec soi-même) ou en faisant un mouvement. 

Un participant à un atelier a raconté qu'il faisait toujours un saut en l'air devant la porte. Ainsi, son esprit est libéré des émotions et des pensées négatives et il peut se concentrer sur la future réunion. Les échecs sont des indicateurs, les erreurs font partie de la vie. Analyser les erreurs, c’est obtenir de l’aide.

C'est exactement de cette manière qu'il faut considérer les échecs. Ils nous montrent où nous en sommes et nous donnent l'occasion d'analyser ce que nous pouvons améliorer. Pour gérer les défaites, il est conseillé d'appliquer le principe suivant: accepter, analyser, faire une croix. Commencez par exprimer votre colère envers vous-même et votre déception. Ensuite, consacrez-vous à l'analyse: qu'est-ce qui a provoqué l'échec? Qu'est-ce qui a bien fonctionné malgré tout, quels sont les points forts que vous avez pu utiliser? Qu'est-ce qui peut être amélioré ou modifié? Lors de votre analyse, il n'est pas utile de dévaloriser en bloc, les formules avec «doit» sont également néfastes. 

Après l'analyse, il faut faire une croix! La défaite doit être effacée de votre esprit, sinon elle vous bloque; laissez le passé derrière vous, il ne peut plus être changé. Focalisez-vous plutôt sur l'avenir - avec du cœur, de la clarté, une approche optimiste et de l'espace pour le développement personnel.

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