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Clôture annuelle: Un rapport universel d’entreprise

Au cours de ces dernières années, en tout cas dans les grandes entreprises, la tendance remarquée est celle de la fourniture de plus en plus d’informations dans la clôture annuelle. Les commentaires dans le rapport de situation par rapport aux risques majeurs ou un rapport sur les rémunérations en constituent deux exemples. Dans quelle direction la comptabilité externe se dirige-t-elle?

28/03/2022 De: Andreas Barckow
Clôture annuelle

Origine traditionnelle contre évolution moderne

Trois tâches ou fonctions sont généralement affectées à une clôture annuelle:

  • L’enregistrement de ce qui s’est produit pendant une période donnée (fonction documentaire)
  • L’information aux propriétaires de l’entreprise et aux externes sur ces événements (fonction d’information)
  • La détermination d’ordres de grandeurs en termes d’excédents en vue de permettre l’accès à ces excédents de certains ayants droit (fonction de détermination du paiement)

Depuis quelques années, la tendance remarquée est que la fonction informative prend une place toujours plus importante – et cela au-delà du compte rendu financier classique: les entreprises doivent informer sur leur situation et donner une perspective en précisant leurs risques majeurs (rapport de situation); elles doivent présenter comment les personnes qui sont en charge de la direction de l’entreprise seront rémunérées et quelles sont les interrelations entre elles ou des tiers (rapport des rémunérations et des dépendances); elles doivent donner des informations sur qui et où elles versent leurs impôts (rapport en fonction des pays); et elles doivent présenter comment elles sont gérées en termes de politique sociale (rapport de développement durable et de Corporate Social Responsibility [CSR]). Quelques-uns des contenus considérés comme exemplaires sont proches de la présentation classique de la comptabilité alors que d’autres en sont assez éloignés.

Le nombre largement prépondérant de concepts actuels de comptabilité provient d’une époque à laquelle le secteur secondaire et donc les entreprises de production constituaient alors la majeure partie de la création de valeur en termes macroéconomiques. Plus une entreprise était proche de ces secteurs traditionnels et moins son modèle d’affaires était complexe, plus on étant enclin à dire que les prescriptions traditionnelles étaient toujours suffisantes et que la clôture annuelle satisfaisait correctement aux exigences qui lui étaient dévolues. Plus l’économie se développait, par contre, en direction d’une société de services et plus les prestations immatérielles prennent de l’importance et plus les concepts centraux requis pour une passation au bilan tels que «actifs», «propriété», «suivi», «contrôle» ont été remis en question. Même la mesure de la réussite devient plus complexe, parce que le lieu et le moment de la création de valeur deviennent plus difficiles ou même impossibles à déterminer du fait du déplacement croissant des plateformes commerciales vers le World Wide Web.

La clôture annuelle, une source primaire d’information?

Traditionnellement, la clôture annuelle (et, pour les plus grandes entreprises, le rapport d’activité) constitue le principal support d’information lorsqu’il s’agit de données testées et orientées vers le passé. La représentation et l’approfondissement systématiques de toutes les transactions dans un document chiffré clôturé selon des règles préétablies et qui constitue la base du contrôle sous la forme d’un audit indépendant donnent, depuis toujours à une clôture, une valeur d’expertise qui non seulement est absente des autres supports d’information, mais qui a aussi une valeur de sanction dans la plupart des cercles juridiques. D’un autre côté, ces informations, même contrôlées, sont transmises tardivement – et, pour beaucoup de destinataires, trop tardivement: les documents chiffrés sont mis à la disposition du public seulement plusieurs mois après la fin de l’exercice social sur lequel un compte rendu est émis. Si cela ne dévalorise en rien l’expertise en tant que telle et si cela crée un point de vue fiable pour effectuer des analyses complémentaires, cela signifie toutefois que les déclarations portant sur des prévisions sont limitées et, dans le pire des cas, qu’elles sont totalement impossibles. Ainsi, tous les soldes des postes au passif du bilan au moment de la publication de la clôture auront déjà varié depuis longtemps et seront dépassés par la réalité. Cela peut avoir une importance moindre pour des positions à long terme telles que les immobilisations corporelles ou les engagements sur la caisse de pension, mais, pour les actifs circulants et les dettes à court terme, cette situation aura un impact négatif significatif. Même le compte de résultat en tant que calcul des flux de fonds ne donnera que des indications sur ce qui s’est passé l’année dernière, pas sur le moment précis où cela s’est produit, ce qui aurait une certaine importance pour les déclarations sur les tendances à venir à court et à moyen terme.

Cependant, il est difficile de blâmer la clôture en tant que telle pour ces carences: il serait trop demandé d’exiger des contenus du bilan, du compte de résultat et du tableau de flux de liquidités de servir d’outil multifonctionnel en vue de satisfaire tous les besoins en information. Il suffit de s’imaginer une entreprise qui serait confrontée, dans une journée normale, à 500 cas commerciaux; en prenant environ 250 jours ouvrables par année, cela représenterait 125 000 transactions – est-il surprenant que leur passage en revue dans 15 lignes de l’actif, du passif et du compte de résultat ne donne qu’un aperçu? Théoriquement, l’annexe devrait permettre de combler ce déficit, parce que les entreprises sont tenues d’expliquer certains contenus, de les représenter sous forme de tableaux et/ou de faire des liens par rapport à d’autres chiffres de la clôture. Toutefois, dans les faits, l’annexe se contente d’être un pis-aller en matière de Compliance qui doit effectivement être rédigée, mais dont l’objectif n’est pas de briller par sa beauté. La fonction d’information de la clôture joue surtout son rôle de méridien neutre naturel lorsque la transparence pourrait entraîner des questions désagréables de la part des tiers.

La clôture annuelle à l’âge du numérique

En dehors de la question de savoir quels contenus doivent figurer dans le rapport financier, une seconde question mérite encore plus d’importance en termes de profondeur des informations requises, à savoir la question de la prolifération des informations. Avec la clôture de l’entreprise, la plupart des parties prenantes imaginent avoir fait leur travail sous la forme d’un traitement papier. Cette vision est anachronique à deux points de vue:

  • La discussion qui découle du dernier paragraphe est imaginable, même si elle n’est pas impérative, par rapport à la raison de publication sous forme imprimée de toutes les informations; alternativement, une présentation adaptée aux destinataires selon les attentes des parties prenantes pourrait être satisfaite via différents rapports (ce qui est souvent le cas, d’ailleurs)
  • En outre, il n’est pas forcément évident de comprendre pour quelles raisons la diffusion d’une version imprimée devrait survenir. Car il peut sembler curieux que la comptabilité d’une entreprise soit réalisée de manière largement automatisée et électronique alors que la clôture, en tant que regroupement de toutes les transactions et de tous les événements d’un exercice social, survient, en tant qu’aboutissement, en pressant sur la touche d’impression (pour, lorsque cela sera possible, déboucher sur une impression numérique en PDF)

Nous vivons dans une ère dans laquelle pratiquement tous les médias constatent une transition entre le monde analogique et le monde numérique: la télévision est suivie sur Internet, les livres deviennent des e-Books, les disques et CD sont des services de Streaming, les films sont accessibles sous la forme des vidéothèques en ligne, les journaux sont remplacés par des offres numériques ou des pages de nouvelles, etc. Le même type de préparation des différents médias permet tout simplement de définir des formes entièrement nouvelles de mise en réseau, de préparation et d’analyse.

Notre monde est déterminé par des informations et des données. L’agrégation d’informations d’entreprises dans le bilan et le compte de résultat peut être considérée, a priori, comme logique parce que les lecteurs seront en mesure de saisir tout approfondissement clair, mais aussi parce que cela constitue, sur le plan historique, une nécessité pure et simple dans la mesure où les générations antérieures ne disposaient pas de capacités de traitement des données qui existent à notre époque. Au vu de l’évaluation incroyablement rapide de données de masse, la société actuelle offre des possibilités totalement différentes; elle ouvre en même temps une remise en question en termes techniques des attentes soulevées: pour quelles raisons des informations devraient-elles être approfondies si toute densification entraîne une perte d’information? Pour quelles raisons un auditeur devrait prélever des échantillons et conclure une généralité par des procédés statistiques s’il peut en même temps réaliser un contrôle complet via des analyses de données de masse? Pour quelle raison avons-nous besoin, dans la comptabilité, d’un principe d’essentialité pour réaliser une densification des informations alors que nous pouvons visualiser pratiquement sans décalage dans le temps la totalité des données disponibles?

La limitation ou la suppression ciblée d’informations de l’offre à destination d’un auditoire externe à l’entreprise débouche généralement sur la révolte de ceux qui avaient utilisé jusqu’ici ces informations. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les tentatives de limitation du flux de données (autrement dit, la densité des indications figurant en annexe à la clôture annuelle) sont condamnées à échouer, parce que les données collectées une fois provoquent des coûts supplémentaires marginaux alors qu’elles perturbent les résultats. Toutefois, si les informations ne doivent pas être réduites et qu’elles doivent être simultanément comprises comme la rédaction la plus intégrale possible sous la forme d’un ouvrage, la solution numérique devient la seule imaginable. Tout comme une page d’information sur Internet, le lecteur bénéficie des principales informations sur l’entreprise dans un portail d’entrée; il y trouvera les informations agrégées sur la clôture ainsi que les déclarations stratégiques prépondérantes (à destination des personnes intéressées au même niveau que la plupart des parties prenantes) et il pourra, en cliquant sur les lignes et les rubriques correspondantes dans les pages subséquentes, se familiariser avec des explications et des informations détaillées complémentaires.

Les entreprises ne soumettront plus les informations présentées à des filtres et à des exclusions, mais elles les structureront en fonction du fait de savoir si elles devront être affichées dans la page de garde du portail ou de l’une des nombreuses pages secondaires. Il est aussi envisageable de faire composer les pages Internet par des pages de portail adaptées aux destinataires: ainsi, le pool de données accédées serait toujours le même; simplement, la présentation et l’accès à ces données se distingueront en fonction des besoins d’information de chaque partie prenante.

Tout cela est de la musique d’avenir dites-vous? Oui et non. Les possibilités existantes dans ce domaine sont déjà discutées depuis au moins deux décennies; plus récemment, grâce à la numérisation et aux demandes accrues en information des destinataires, elles bénéficient d’un attrait significatif, de sorte que ce sont notamment les déclencheurs de tendances et le secteur des auditeurs qui sont actifs aux différents niveaux de cette thématique. D’un autre côté, ce qui est imaginable n’est pas automatiquement déployable ni légalement autorisé: dans la plupart  des cercles juridiques, les conditions légales pour une entrée dans un monde de ce genre doivent encore être construites et les offices de régulation et de déploiement doivent être mandatés sous forme correspondante; l’objet à tester par l’auditeur des comptes annuels doit être déterminé de manière univoque et, le cas échéant, différemment et il doit être protégé contre des changements successifs; la thématique de l’archivage prend une importance particulière (surtout devant des adaptations possibles et des transformations de portails électroniques) de même que la question de l’étendue de telles exigences (est-ce que toutes les entreprises doivent être concernées indépendamment de leur taille, de leur forme juridique et de leur secteur), et bien d’autres éléments encore. Comme il est impossible d’arrêter le train en marche et qu’il n’est pas cohérent de le faire, une collaboration constructive de toutes les parties prenantes au processus constituerait la réponse probablement la plus logique aux exigences posées.

Résumé sous forme de thèse

La comptabilité fait face aux pires défis de la décennie; elle est soumise régulièrement à une perte d’adéquation qui est alimentée par différentes circonstances:

  • Les prescriptions en termes de comptabilité sont conçues, sur le fond, à partir d’activités artisanales de production dans lesquelles le facteur d’Input relève d’un traitement et où elles sont revendues avec une création de valeur. Plus les modèles d’affaires s’éloigneront de ce «type idéal» - mentionnons en particulier les entreprises du secteur tertiaire, notamment celles qui contiennent une forte proportion de propriété intellectuelle – et plus les frictions et les carences de représentation seront importantes
  • La présentation d’une information (uniquement) annuelle sur les événements survenus dans l’entreprise dans un rapport annuel semble être totalement dépassée à l’ère d’Internet. Certes, la clôture annuelle constitue, du fait des actes standardisés d’audit, une source d’information spécifique et préférentielle par rapport à d’autres; cette propriété perd toutefois de sa valeur pour de nombreux destinataires du fait des données déjà disponibles en cours d’année
  • La forme de remise des informations de l’entreprise devient un facteur déterminant. Le nombre d’informations et leur transmission en parallèle à une quantité de destinataire soulèvent la question de l’utilité du produit qu’est le «rapport annuel». La numérisation offre des possibilités de préparer les données existantes de nouvelle manière et d’atteindre des groupes multiples de parties prenantes.
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