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Paiements instantanés: Possible en Suisse aussi à partir de 2024

Les banques suisses proposeront les paiements instantanés (PI) à leurs clients à partir de 2024. Les paiements instantanés permettent le trafic des paiements traditionnels 24 heures sur 24, 7/24/365, avec un temps de transaction pour un paiement de dix secondes au maximum. Qu’est-ce que cela signifie pour les particuliers et les entreprises?

23/05/2023 De: Carsten Miehling
Paiements instantanés

De quoi s’agit-il?

Plus le temps passe, plus notre monde devient «instantané». De nos jours, tout doit se faire rapidement et immédiatement, 24 heures sur 24, qu’il s’agisse de confirmer la réservation d’un hôtel, la livraison d’articles de la boutique en ligne ou la commande de billets d’avion. Le fait qu’en Suisse, un ordre de paiement dans l’e-banking ne soit pas possible pendant le week-end, ou qu’il ne soit exécuté que le lundi, n’est plus compréhensible à nos yeux. Pourquoi un paiement est-il lié à des jours ouvrables bancaires, alors que nous pouvons depuis des années envoyer des e-mails dans le monde entier en quelques secondes?

En Europe, les paiements instantanés SEPA (Single Euro Payments Area) sont possibles depuis plus de cinq ans, tandis que dans des pays comme les Pays-Bas, il n’existe plus aucun autre mode de paiement. En tant que consommateurs, nous connaissons déjà le sentiment que nous éprouvons lors d’un paiement direct, par exemple au terminal du magasin ou lorsque nous payons via TWINT, même s’il ne s’agit pas vraiment d’un paiement final au sens strict du terme. Quelles sont donc les caractéristiques du futur paiement instantané en Suisse?

  • Transmission d’un paiement de l’émetteur au bénéficiaire en dix secondes maximum (en Europe, la moyenne est de deux à trois secondes).
  • Disponibilité instantanée du montant chez le bénéficiaire et débit chez l’émetteur (paiement de compte à compte) 
  • Saisie du paiement et notification de la réception du paiement dans les canaux existants, par ex. e-banking ou mobile banking.
  • Limite d’une transaction dans la phase de démarrage pour la Suisse CHF 20 000.– (en Europe aujourd’hui EUR 100 000.–, en Hollande sans limite).

Il faut s’attendre à ce qu’en Suisse, la limite de montant baisse également après une certaine période d’introduction. C’est précisément la différence avec un paiement TWINT, qui est en général limité à CHF 4000.– par mois. A l’avenir, il ne sera donc pas difficile de payer par exemple le samedi une voiture d’occasion de CHF 15 000.– au concessionnaire avec son téléphone portable. Le concessionnaire voit la réception en quelques secondes et peut remettre les clés de la voiture. Il en va de même par exemple pour l’achat d’un vélo, où le commerçant peut répercuter au moins partiellement sur l’acheteur le rabais qu’il obtient en contournant les coûts de la carte de crédit. Dans le commerce stationnaire, le vendeur peut présenter le code QR de la facture récemment introduite et l’acheteur le scanne dans son application e-banking avec exécution ultérieure en tant que paiement instantané. Il existe même des scénarios qui prévoient une carte PI. Les clients peuvent alors également payer au terminal du magasin avec le même confort qu’avec la carte instantanée. Les premières discussions avec Migros, Coop, les CFF, etc. sont déjà en cours.

Qu’est-ce que les paiements instatnanés signifie pour les particuliers et les entreprises?

L’utilité des paiements instantanés pour les particuliers ne semble pas si évidente au premier abord, car l’acceptation des cartes dans le commerce stationnaire et en ligne offre déjà un confort de paiement très élevé et ce, 24 heures sur 24. Dans le secteur des cartes, la majorité des transactions se base sur les schémas des sociétés de cartes de crédit Visa et Mastercard. Avec TWINT, la solution mobile suisse, une transaction se déroule également selon ce schéma. Cela présente en premier lieu des inconvénients pour le vendeur, car il doit verser une commission pour chaque transaction. Dans le cas du paiement instantané, nous parlons d’une transaction dite de compte à compte, qui se déroule directement entre la banque du payeur et la banque du bénéficiaire via le système de clearing suisse SIC.

La réduction du nombre de parties impliquées dans une transaction doit en principe diminuer les frais des commerçants, voire les supprimer totalement à l’avenir.

Pour de nombreux commerçants, la procédure PI présente en outre l’avantage d’améliorer la gestion des liquidités, puisqu’ils reçoivent l’argent immédiatement et ne doivent pas attendre plusieurs jours avant d’être crédités par un fournisseur de services de paiement. Un commerçant peut ainsi disposer le jour même de ses recettes journalières et les utiliser pour commander de nouvelles marchandises.

De nouvelles possibilités s’offrent également aux entreprises du secteur B2B. Pour elles, la gestion de la trésorerie est actuellement l’un des principaux moteurs, car elle profite aussi bien aux fournisseurs qu’aux acheteurs. Grâce à la possibilité d’effectuer des virements 7/24/365, le risque de non-paiement et les coûts liés au maintien de soldes ouverts sont minimisés. Les entreprises peuvent en outre envoyer et recevoir des fonds en dehors des heures de bureau, notamment lorsqu’il s’agit d’un paiement urgent à un client. De nombreuses compagnies d’assurance utilisent encore des chèques pour régler les petits sinistres. Grâce aux paiements instantanés, ces dommages peuvent être réglés directement chez le client, ce qui améliore la relation avec ce dernier.

Qu’est-ce qui sera possible en Suisse à partir du quatrième trimestre 2024?

La Banque nationale suisse (BNS) a obligé les banques dont le volume de transactions dépasse 500 000 paiements entrants à permettre l’utilisation des paiements instantanés pour la réception à partir de ce moment-là. L’envoi de paiements de ce type n’est donc pas obligatoire, du moins en théorie. Cette obligation concerne tout d’abord les quelque 50 plus grandes banques, c’est-à-dire les grandes banques, les banques cantonales et les grandes banques régionales. Bien que les cas d’application de PI soient très variés, on sent une certaine réticence de la part des banques. À quoi cela est-il dû?

Tout d’abord, la mise en place de ce que l’on appelle la haute disponibilité des systèmes représente un investissement informatique important. Les systèmes actuels ne sont pas conçus pour fonctionner 7/24/365. Les modèles en Europe, où l’expéditeur doit payer une taxe sur un paiement PI, n’ont pas eu beaucoup de succès, des taxes sont trop élevées n’incitant guère à utiliser le système. Exiger une taxe du destinataire correspondrait au schéma de la carte et n’est pas une option réfléchie ou une pratique vécue à ce jour dans le trafic national des paiements traditionnels en Suisse (à l’exception des frais de guichet postal).

Il semble actuellement que la plupart des banques proposeront le PI via leurs canaux en ligne (e-banking et mobile banking), tant pour la réception que pour l’envoi. La plupart des établissements prévoient de faire payer l’envoi (fourchette estimée de quelques dizaines de centimes à un petit montant en francs). L’utilisation dans le commerce électronique sera certainement possible rapidement, le paiement au terminal ou de personne à personne probablement plus tard. Dans le commerce B2B, les canaux en ligne offrent déjà des possibilités intéressantes telles que les transactions au coup par coup, les paiements partiels, les paiements d’urgence le week-end et autres.

Résumé

Les paiements instantanés seront disponibles en Suisse à partir de 2024, même si certaines banques hésitent encore à faire cet investissement considérable au niveau de leurs infrastructures. En effet, le trafic des paiements ne constitue pas à lui seul un modèle commercial et des montants importants ont été investis récemment avec le lancement des nouvelles cartes de débit et la connexion TWINT. En fonction de la stratégie de tarification des banques pour les transactions de ce type, les bénéficiaires de paiements instantanés sont les clients et éventuellement aussi les commerçants.

La tendance aux PI semble également irréversible au niveau international. Actuellement, il existe une proposition de directive de l’UE qui rend l’offre de PI obligatoire pour les banques de l’UE (période de transition de six mois). En outre, un paiement PI ne doit pas coûter plus cher qu’un paiement normal. L’accessibilité des systèmes PI en dehors de l’UE doit être obligatoire pendant une période de transition de douze mois. Cette tendance se poursuit également à l’échelle mondiale. Le graphique de l’entreprise Thunes, par exemple, donne un bon aperçu de toutes les initiatives PI mondiales.

Les clients privés sont déjà bien servis avec les cartes et la solution TWINT. Du côté des commerçants stationnaires et en ligne, on espère une baisse des frais de transaction. Il est bien possible qu’il y ait un déplacement des transactions des cartes vers les paiements PI. Dans le commerce B2B, il existe des cas d’application intéressants, car avec les PI, le montant transféré est immédiatement crédité et ne peut pas être réclamé.

Il convient également de mentionner le risque plus élevé d’attaques frauduleuses sur cette procédure. Cela concerne bien sûr les banques, qui doivent développer des solutions de prévention de la fraude, mais aussi leurs clients. Avec les PI, il est possible de transférer en quelques minutes des fonds d’un compte piraté à travers plusieurs banques, ce qui rend le suivi de l’argent extrêmement difficile. Voilà donc également une bonne occasion de revoir son propre dispositif de sécurité.

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