Directives: Régler intelligemment le lieu du travail

Les directives permettent à l'employeur de déterminer le lieu, l'heure et le contenu de la prestation de travail - dans le cadre du contrat de travail. La définition du lieu de travail est souvent source d’incertitude. Quand une mutation est-elle autorisée? Où les directives trouvent-elles leurs limites?

30/05/2025 De: Thomas Wachter
Directives

Lieu de travail

Sauf accord contraire, le travailleur doit fournir sa prestation de travail au sein de l'entreprise de l'employeur. Par lieu de travail, on entend l'ensemble de l'organisation du travail dans laquelle le travailleur est intégré. Dans ce contexte, les directives jouent un rôle décisif, car elles permettent à l'employeur de déterminer le lieu concret d'affectation, pour autant que le cadre contractuel soit respecté.

Directives et organisation du travail

En l'absence d'accord contraire, le travailleur doit fournir sa prestation de travail au sein de l'entreprise de l'employeur. Dans ce contexte, on entend par lieu de travail « l'ensemble du périmètre de l'organisation du travail dans laquelle le travailleur est intégré ».

Par organisation, on entend le regroupement de moyens personnels, matériels et immatériels dans le but de poursuivre un objectif technique de travail. Si cette organisation ne sert qu'à satisfaire ses propres besoins, il s'agit d'un ménage, si elle va au-delà, il s'agit d'une entreprise (Rehbinder, n. 7 ad art. 319 CO). Dans le cadre du domaine convenu, le travailleur peut être employé partout, pour autant que le type d'activité entreprise reste dans le cadre convenu. Le travailleur n'a en principe aucun droit à un bureau ou à un poste de travail particulier. Les directives de l'employeur permettent de modifier l’organisation du travail si nécessaire, tant que celle-ci est encore couverte par le contrat de travail.

Lorsqu’une entreprise comprend plusieurs établissements, le travailleur peut être déplacé à l'intérieur de ceux-ci et de l'un à l'autre, dans la mesure où cela est raisonnablement possible pour lui. Si les établissements sont éloignés géographiquement, il est recommandé de mentionner dès le départ d'éventuelles possibilités de transfert dans le contrat. Si le trajet est trop contraignant, le travailleur peut refuser de l'effectuer. Toutefois, à l'intérieur d'une même localité, il faut généralement partir du principe que toute mutation est acceptable, étant donné que le trajet ne s'allonge ni ne change considérablement. Une réglementation claire à ce sujet est cependant à double tranchant : elle présente l’avantage de pouvoir muter le travailleur aux lieux mentionnés et le désavantage de devoir se cantonner – en termes de réaffectation - à ces mêmes lieux contractuels. Si cela est fait de manière parfaitement exhaustive, les directives perdront alors toute leur utilité et tout leur potentiel.

Entreprise

Par entreprise, on entend toute installation dans laquelle une activité quelconque peut être exercée (p. ex. un local avec un téléphone). Il s'agit donc de tout type d'établissement servant à l'exercice d'un travail.

Activité exercée en dehors de l’entreprise

Le travail ne doit pas toujours être effectué au sein même d'une entreprise. De nombreuses activités doivent être effectuées à l'extérieur. Ainsi, un monteur doit, en plus de son activité au sein de l'entreprise, effectuer de nombreux travaux à l'extérieur, rendre visite à des clients, travailler sur des chantiers, etc. L'activité d'un voyageur de commerce s'effectue spécifiquement en dehors de l'entreprise ; un chauffeur se déplace dans toute la Suisse. Le domaine d'activité est donc différent pour chaque travailleur ; néanmoins, les travailleurs en question font également partie de l'organisation du travail de l'employeur concerné. Dans ces cas également, le lieu d'intervention est défini par les directives de l'employeur dans le cadre du contrat de travail.

Groupes d’entreprises

Lorsqu’une entreprise comprend plusieurs entreprises ou succursales, l'engagement ne se fera, en général, que pour une entreprise déterminée. Si l'employé doit pouvoir travailler dans d'autres entreprises, cela doit faire l'objet d'un accord spécifique ou l'employé doit accepter un transfert au cas par cas.

Délocalisation

Lorsque l'employeur déplace son établissement en un nouveau lieu, la question de l'exigibilité raisonnable du trajet pour les employés se pose. Si les lieux sont très éloignés l’un de l’autre, il ne suffit généralement pas de réduire le temps de travail de l'employé de la durée du trajet le plus long pour que tout s'arrange. Même dans ce cas, le caractère non raisonnablement exigible de la chose peut résulter, par exemple, de l'impossibilité pour l'employé de prendre son repas à la maison à l'heure du déjeuner. Dans ces cas, les directives ne suffiront plus à justifier des affectations dans d'autres unités du groupe - des accords complémentaires ou le consentement des intéressés seront dès lors nécessaires.

Dans de tels cas, l’unique solution est de procéder à un licenciement tout en s’efforçant de trouver une solution à l'amiable pendant le délai de résiliation. Dans le cas contraire, l'employeur se trouve en demeure si le travailleur refuse légitimement d'accepter un trajet plus long pour se rendre au travail et que l'employeur n'est plus en mesure de lui fournir d'emploi sur l'ancien site. En cas de convention de travail à domicile, le lieu de travail découle déjà de la disposition de la loi ; il se situe en principe au lieu du domicile du travailleur à domicile. Si le travailleur doit être prêté à une entreprise tierce, cela doit également être convenu dès le départ, car l'obligation de travailler n'existe en principe que vis-à-vis de l'employeur. L'engagement temporaire n'est, qui plus est, aucunement présumé. En cas d'urgence, le travailleur est tenu, en vertu de son devoir de fidélité, de fournir exceptionnellement sa prestation même sur des lieux de travail non convenus, dans la mesure où cela peut être raisonnablement exigé de lui.

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