Processus d’innovation: Indicateurs pour mesurer le succès
Prof. Dr. Thomas Rautenstrauch
Thomas Rautenstrauch est professeur pour la formation en économie d’entreprise et plus particulièrement en accounting et controlling. Il est d’ailleurs directeur du Center for Accounting & Controlling de la Haute école d’économie de Zürich. De plus, il enseigne, en qualité de professeur invité, le management accounting en Executive MBA au sein de l’Institute for Management in Technology (iimt) de l’Université de Fribourg. Thomas Rautenstrauch est l’auteur de plusieurs ouvrages spécialisés et de nombreux articles pour des revues et pour la presse économique.
Le processus d’innovation
Dans les entreprises, la performance est mesurée à l’aide d’indicateurs. Outre les facteurs «durs» comme les coûts, les indicateurs «souples» gagnent en importance: ils permettent d’évaluer la capacité d’innovation et servent de base à des stratégies de développement à long terme. L’implication du personnel en est le facteur central.
Classiquement, innover signifie «faire quelque chose de nouveau ou faire différemment ce qui est déjà fait». C’est en tout cas ainsi que l’entendait l’économiste Joseph Schumpeter (1883–1950). L’innovation repose donc sur l’ingéniosité, la créativité et la réactivité, afin de pouvoir s’adapter rapidement aux évolutions internes comme externes de l’environnement de l’entreprise.
La stratégie d’innovation
Le mot stratégie vient du grec et signifiait initialement «art de conduire une armée». Aujourd’hui, il désigne un mode d’action orienté vers un objectif. Ou, en d’autres termes, c’est «l’art de faire la bonne chose au bon moment». La citation suivante illustre bien son importance:
«Une personne ordinaire qui se concentre sur l’essentiel réussira mieux qu’un génie qui se disperse». (W. Mewes)
Et pourtant, dans la pratique des entreprises, les facteurs de réussite comme la capacité d’innovation, l’identification des opportunités ou des risques, les compétences techniques ou sociales, le travail d’équipe, voire les valeurs, les émotions et les visions, sont souvent relégués derrière les impératifs de réduction des coûts ou la résolution ponctuelle de problèmes internes.
Dans le cadre d’un projet de conseil, j’ai accompagné plusieurs entreprises dans la mise en place de systèmes d’indicateurs et de Reporting, afin d’optimiser leurs processus et de les rendre plus efficaces et performants. L’idée de départ: considérer les collaborateurs comme des co-acteurs du changement et les intégrer pleinement au processus d’innovation.
Une conviction fondée sur le constat que 44 % des innovations proviennent des collaborateurs eux-mêmes, et rarement de décisions prises «sur planche à dessin» ou d’impulsions extérieures (seulement 28 % proviennent de suggestions clients, 16 % des fournisseurs, 8 % de l’observation du marché).
L’objectif était aussi de soutenir la direction et les équipes dans la définition et la réalisation de leurs objectifs, avec une approche économique éclairée. Pour cerner les besoins, j’ai interrogé les responsables sur ce qui «coince» réellement dans leur entreprise. Et j’ai été surpris de voir à quel point les PME manquent de vision sur ce qu’elles veulent être dans cinq ans. Ce constat vaut aussi, bien souvent, pour les grandes entreprises – qui, en lieu et place de stratégie, poursuivent souvent le seul objectif de cash-flow ou de rendement immédiat.
Mais si la direction ne sait pas où aller, comment attendre des employés qu’ils agissent avec créativité et efficacité? D’où la question classique: quelle est la bonne stratégie? Or il n’y a pas de réponse universelle – ce qui est adapté pour l’une peut être complètement inadapté pour l’autre.
Indicateurs pour mesurer l’innovation dans le processus d’innovation
- Taux d’innovation: quelle part du chiffre d’affaires provient des nouveaux produits sur une période donnée?
- Vitesse d’innovation: quel temps a été nécessaire pour la R&D?
- Cycle d’innovation: quelle est la durée moyenne de réalisation d’un projet innovant?
- Compétence en innovation: quelles sont les compétences clés disponibles en interne?
- Ressources pour l’innovation: combien de temps et de liberté sont accordés aux collaborateurs pour innover?
- Évaluation coût/bénéfice: efficacité = rapport entre un bénéfice défini et les ressources nécessaires pour l’atteindre
- Sources d’innovation: où, comment et quand l’innovation peut-elle émerger dans l’entreprise? (le comment est ici essentiel – car la culture d’entreprise influence aussi fortement l’innovation)
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