Salaire et assurances sociales: Nouveautés, changements et défis actuels

Lors de la Journée Salaire et assurances sociales 2025, à Lausanne, l’entrée en vigueur le 1er janvier de cette année des modifications de l’AVS a tenu une place de choix. Revue de ces changements.

07/02/2025 De: Frédéric Rein
Salaire et assurances sociales

Quelle est l’actualité en matière d’assurances sociales et de droit du travail? 

C’est sur cette question que s’est notamment penchée la Journée Salaire et assurances sociales 2025, organisée par Weka et vps-epas. Une question simple au demeurant, mais pour laquelle les réponses étaient naturellement multiples et relativement complexes. Devant un parterre de 200 personnes (et 120 en ligne), réunies pour la première fois à l’IMD, à Lausanne, plusieurs experts se sont succédés pour aborder ces thématiques. Parmi eux, François Wagner, expert fédéral diplômé en assurances sociales. Il est, entre autres, revenu sur les trois modifications principales de l’AVS, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 2025. 

Hausse progressive de l’âge de la retraite des femmes 

A commencer par la hausse progressive de l’âge de la retraite des femmes. Depuis cette année, celui-ci va augmenter de trois mois chaque année – soit, en 2025, 64 ans et 3 mois pour les femmes nées en 1991, ou encore 64 ans et 9 mois en cas de naissance en 1963. «De toute façon, à partir de 2028, ce sera 65 ans pour tout le monde», note François Wagner. 

Niveau des taux d’anticipation

Autre adaptation majeure: le niveau des taux d’anticipation. «Cette disposition transitoire, toujours réservée pour une catégorie de femmes nées entre 1961 et 1969, nécessite des calculs nettement plus complexes à réaliser, poursuit le spécialiste. Cela va surtout déprendre du revenu de la personne qui souhaite anticiper sa retraite – le laps de temps pouvant aller de 1 à 3 ans – et de sa rémunération. Plus cette dernière est modeste, plus le taux d’anticipation sera favorable, et inversement. La rente pourrait être amputée d’un maximum de 10,5 %. Ainsi, suivant les situations, notamment si on a des revenus modestes, la question de la pertinence d’une anticipation se pose vraiment.»

Supplément de rente 

La troisième disposition d’AVS21 consiste en un supplément de rente accordé aux femmes nées entre 1961 et 1969 «défavorisées» par la révision, dans la mesure où elles doivent travailler plus longtemps. «Cette compensation est, elle aussi, difficile à calculer, car liée à une nouvelle fois aux revenus et à l’année de naissance, atteste François Wagner. Ce supplément, à vie, est accordé en plus de la rente et n’évolue ensuite plus, ni à la baisse ni à la hausse. Une femme née en 1961 ayant des revenus modestes, par exemple, devra travailler 3 mois de plus pour potentiellement bénéficier d’un supplément de 25 % par mois sur un montant maximum de 160 francs, soit 40 francs. Ensuite, plus le revenu augmente, plus le supplément diminue, pouvant, au plus bas, n’être que de 25 % de 50 francs.»  

Des perspectives peu favorables en salaire et assurances et assurances sociales

Au présent fait bien évidemment écho le futur. Alors, à quoi s’attendre à l’avenir en matière d’assurances sociales? François Wagner a évoqué des perspectives, qui, selon lui, ne sont pas très favorables: «L’une des idées du Conseil fédéral est de réduire les rentes de veuves et de veufs pour faire des économies de l’ordre de plus de 800 millions de francs.» Ainsi, si cette idée venait à se concrétiser, la rente de veuves ou veufs ne serait plus accordée pour des enfants de plus de 25 ans en formation, alors qu’aujourd’hui, elle est octroyée jusqu’à l’âge de la retraite. Quant aux veuves et veufs de moins de 55 ans qui n’auraient pas d’enfant, cette rente pourrait être accordée pendant deux ans, mais plus être versée jusqu’à l’âge de la retraite, comme actuellement. Enfin, les veuves et veufs actuels de 50 ans et plus percevant des prestations complémentaires à l’AVS et ceux âgés de 58 ans et au-delà au moment du décès conserveront leurs droits. «Heureusement, l’envie de supprimer les rentes de l’AVS pour enfant, c’est-à-dire celles destinées aux personnes retraitées qui ont encore des enfants à charge, a été momentanément abandonnée et ces rentiers continueront à toucher un supplément de 40 % de leur rente de vieillesse, voire un supplément de leur rente d’invalidité», rassure le spécialiste. Reste par contre en suspens une motion déposée en mai 2024 qui voudrait élargir le cercle des secteurs soumis à l’AVS dès le premier franc payé, donc qui ne tiendrait pas compte du montant de 2500 francs au-delà duquel il faudrait commencer à cotiser. «Cela représenterait un gain potentiel pour l’AVS, car il faudrait que certaines entreprises cotisent, malgré le fait que ce ne soit pas nécessaire aujourd’hui», commente l’expert. Malgré l’aménagement cette année de quelques mesures (comme le salaire de minime importance passé à 2500 francs, l’augmentation de la déduction pour le 3e pilier, le montant minimal des allocations familiales…), on peut se demander si le chemin emprunté par les assurances sociales est vraiment le bon.  

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