Santé mentale: Une tâche pour les RH?

Le nombre de troubles psychiques et les absences au travail qui en découlent n'ont cessé d'augmenter ces dernières années. On connaît désormais l'importance de la santé mentale pour la performance des employés, mais les entreprises prennent encore peu de mesures structurées pour maintenir un équilibre sain entre la santé mentale et physique de leurs employés. Quel rôle les ressources humaines pourraient-elles jouer dans ce domaine ?

07/02/2025 De: Melanie Knijff
Santé mentale

Le capital humain de collaborateurs sains, performants et satisfaits constitue, pour toute entreprise, une ressource extrêmement utile. Ainsi, l’identification précoce d’un déséquilibre psychique et la réaction qualifiée correspondante peuvent éviter, dans de nombreux cas, une absence durable au travail ou une résiliation. Autrement dit, une meilleure concentration sur la santé mentale dans le domaine des RH est plus que bénéfique.

La santé mentale: qu’est-ce qu’on entend par là?

Mais que comprend-on par santé mentale? À l’origine, la santé mentale a été définie par l’OMS sous la forme d’une compréhension du concept de santé qui est plus large que simplement la santé corporelle. Être en bonne santé est un aspect important qui se compose de facteurs individuels tels que la satisfaction ainsi que la stabilité et la résilience émotionnelles, mais aussi d’aspects sociaux découlant de l’interaction entre les individus et l’environnement. La santé mentale doit donc être considérée, en grande partie, comme la base nécessaire à la participation à une vie professionnelle fonctionnelle.

Le bien-être psychique en tant que base pour la vie sociale et professionnelle

Depuis des années, le nombre de cas de burn-out et d'autres troubles psychologiques augmente rapidement. Les raisons de cette augmentation sont multiples, notamment en raison des crises mondiales qui créent un sentiment d'insécurité au sein de la population, mais aussi en raison d'une prise de conscience accrue des questions de santé après la pandémie de coronavirus. 

Si la santé mentale provoque un déséquilibre, cela aura très vraisemblablement un effet considérable sur la capacité de travailler et de performer des collaborateurs. Pour les RH, il peut ainsi s’avérer payant de sensibiliser les collaborateurs à réaliser leur «propre prise de conscience». Toutefois, les RH peuvent aussi jouer un rôle dans ce contexte pour leur permettre d’identifier de manière précoce les premiers signes d’une atteinte psychique de la santé mentale. Il est encore plus efficace de former ou de faire former sous forme adéquate les cadres dirigeants dans l’entreprise à interpréter correctement les signaux détectés. Car le cadre dirigeant est généralement la personne qui collabore le plus étroitement avec les collaborateurs.

Signes de déséquilibre mental

Les premiers signes d’atteinte psychique des collaborateurs peuvent être:

  • Un retrait accru (souvent constaté par des collègues proches)
  • Des absences plus fréquentes (ici, il vaut la peine de jeter un coup d’œil comparatif sur les ratios à l’échelon de l’entreprise)
  • De plus petits intervalles de concentration (par ex. des travaux déterminés durent sensiblement plus longtemps que par le passé)
  • Une qualité réduite du travail
  • Apparemment plus d’effet de régénérescence (par ex. le/la collaborateur/trice ne semble pas avoir récupéré le matin ou a l’air très fatigué/e)
  • Un manque d’entrain (ce qui peut s’exprimer par le fait qu’il manque d’envie de se lancer dans un nouveau projet) ainsi que du pessimisme (nouvellement apparent)

Ce qui est important, c’est que les managers sachent qu’ils ont à disposition un interlocuteur au sein du département RH auquel ils peuvent s’adresser lorsqu’ils identifient des signaux de déséquilibre de la santé mentale chez leurs collaborateurs ou s’ils ne sont pas sûrs d’avoir bien interprété ces signaux.

Les RH en tant que catalyseur d’une confrontation de la santé mentale

Souvent, le service du personnel est impliqué seulement lorsque la situation des collaborateurs concernés a déjà atteint un tel niveau que l’on n’entend plus, dans les conversations, que des déclarations sur une nouvelle négociation du temps de travail ou même un futur licenciement. Ou alors le/la collaborateur/trice est malade et, dans le pire des cas, absent/e pendant une longue période de temps.

Comment l’employeur et notamment le département des RH doivent-ils réagir?

Le rôle que l’employeur peut – et même doit, d’ailleurs – jouer ici sous la forme du département RH est multiple:

  • Sensibilisation de la direction et des cadres dirigeants ainsi que de l’ensemble du personnel au thème de la «santé mentale»
  • Requête/demande active d’un Buy In de la direction pour une posture proactive envers le «bien-être» dans l’entreprise
  • Formation des cadres dirigeants, idéalement par des professionnels, pour être en mesure d’identifier des signaux précoces d’un déséquilibre mental
  • Travail proactif en direction d’une culture d’entreprise marquée par l’appréciation de la valeur
  • Combinaison de la santé physique et psychique, par exemple en provoquant des compétitions sportives à l’échelon de l’entreprise
  • Promotion du travail créatif par projets/lancement de projets novateurs qui vont au-delà des activités routinières du quotidien
  • Mise au point de semaines de slogans, par exemple une semaine de slogan sous le signe du «Powernap» ou du «Yoga».
  • Offre de conseils par les RH sur des questions portant sur la santé mentale jusqu’au Coaching par des Coaches internes et externes
  • Si la prévention survient trop tard, soutien par l’intermédiaire sans complication d’un cabinet de thérapie et, éventuellement, prise en charge des premières heures

 

La simple proposition selon laquelle les Ressources Humaines constituent un centre d'information non seulement pour les questions administratives, mais également pour les discussions concernant la santé mentale des employés, envoie un signal positif au personnel et peut ainsi s'avérer déjà très bénéfique.

Gérer proactivement les dynamiques de transformation

Les entreprises font constamment face à des changements et restructurations qui demandent un accompagnement substantiel. Pourtant, de nombreuses organisations considèrent la santé de leurs employés comme acquise, sans l'aborder de façon proactive.

La prévention est cruciale, particulièrement en matière de santé mentale. Si une fracture de la jambe est difficilement évitable (sauf en renonçant, par exemple, aux sports d'hiver), prévenir le burn-out s'avère généralement très rentable pour une entreprise. Les Ressources Humaines peuvent jouer un rôle (pro)actif dans cette démarche.

Non seulement chaque absence évitée représente des économies pour l'entreprise, mais il ne faut pas non plus sous-estimer la charge de travail imposée aux RH pour gérer les absences prolongées, qui engendrent un traitement administratif complexe des dossiers.

 

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