IA au travail: Comment l’IA générative transforme le quotidien de bureau

Aides de travail appropriées
Introduction à l’IA générative
Imaginez que vous êtes responsable RH dans une entreprise de taille moyenne. Votre nouvelle collaboratrice, appelons-la Sarah, vient de terminer sa première semaine. Vous êtes impressionné·e par l’efficacité avec laquelle elle exécute ses tâches et règle les dossiers administratifs en suspens. Ce que vous ignorez : Sarah utilise des programmes d’IA générative pour accomplir son travail plus rapidement. Elle fait partie des 61 % de salarié·e·s qui, selon notre dernière étude, utilisent ces outils dans leur quotidien professionnel. L’IA au travail prend ici tout son sens.
L’usage de l’IA générative est varié : ChatGPT pour rédiger des e-mails, organiser des réunions, traduire des documents ; DALL·E pour générer des visuels à partir de simples consignes textuelles – autant de fonctions devenues courantes dans les bureaux suisses. Ces programmes font désormais partie intégrante du quotidien pour un nombre croissant d’employé·e·s, au travail comme dans la sphère privée.
D’après notre enquête, les programmes de génération de texte dominent les usages professionnels, suivis des outils visuels. Les utilisateur·trice·s se disent globalement satisfait·e·s, notant les résultats fournis par l’IA à 7 sur 10 en moyenne.
Pourquoi l’IA au travail séduit autant
Mais pourquoi l’IA au travail est-elle autant adoptée? Les raisons invoquées sont multiples. 63 % des personnes interrogées déclarent qu’elle leur permet de gagner en efficacité, 54 % qu’elle stimule leur créativité, et 45 % qu’elle améliore la qualité de leur production.
Reprenons l’exemple de Sarah. Elle illustre à merveille les opportunités offertes par l’IA dans le secteur RH. Grâce à ces outils, elle effectue du sourcing en quelques minutes, identifiant rapidement les profils les plus pertinents parmi des centaines de candidatures. Résultar: du temps gagné pour se consacrer à d’autres priorités laissées en attente.
Elle utilise aussi l’IA pour l’intégration des nouveaux collaborateurs. En générant des plans d’onboarding personnalisés selon les compétences et parcours individuels, elle assure à chaque nouvel arrivant un démarrage optimal avec les ressources et formations adaptées.
Qu’est-ce que l’IA générative?
L’intelligence artificielle désigne tout système informatique capable d’effectuer des tâches nécessitant normalement une intelligence humaine: apprentissage, raisonnement logique, résolution de problèmes, prise de décisions.
L’IA générative combine plusieurs technologies permettant de créer des contenus variés : textes, images, audio, code, vidéo. Autrefois réservée aux humains, cette production devient automatisée grâce à des modèles d’IA avancés.
L’essor de cette technologie s’explique par les progrès du machine learning, du cloud computing, et la viralité d’outils comme ChatGPT ou DALL·E. Derrière ces services se cachent de puissants modèles comme GPT-4 (OpenAI), Megatron (NVIDIA), PaLM (Google) ou Bedrock/Titan (Amazon). En entreprise, l’IA au travail s’appuie donc sur ces moteurs pour automatiser des tâches jadis fastidieuses.
Quand l’IA au travail passe par les appareils privés
Mais la réalité de l’IA au travail soulève aussi des questions de sécurité. Dans l’exemple de Sarah, elle utilise ses appareils personnels, car son entreprise ne dispose d’aucune politique claire concernant l’usage de l’IA. Elle est loin d’être seule : près de 60 % des répondant·e·s disent utiliser leur propre ordinateur ou smartphone pour accéder à ces outils dans le cadre professionnel.
Un vrai casse-tête pour les services RH : ce sont souvent des données sensibles qui sont manipulées, sans cadre sécurisé. Et dans nombre d’entreprises, l’introduction de l’IA se fait « par le bas » – à l’initiative des collaborateur·trice·s – sans encadrement ni validation managériale. Dans un quart des cas, les supérieur·e·s hiérarchiques ne sont même pas au courant.
61 % des répondant·e·s indiquent que leur entreprise n’a aucune directive officielle. 24 % précisent même que l’utilisation de l’IA y est interdite. En plus du risque lié à la protection des données, l’IA au travail introduit aussi un risque de contournement des processus établis.
L’enquête révèle toutefois une prise de conscience croissante des risques. Deux tiers des personnes interrogées identifient comme inconvénient principal le risque d’erreurs, d’informations incomplètes ou incorrectes. Près des deux tiers s’inquiètent aussi des risques cybersécuritaires, et 4 sur 10 pointent le manque de transparence des sources utilisées par les outils.
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Sur quelles sources repose le résultat ?
Cette incertitude pèse également sur Sarah. Lorsqu’elle utilise l’IA dans son activité professionnelle, elle se sent parfois désorientée : elle ne sait pas sur quelles sources reposent les réponses de la machine, ni si les algorithmes qu’elle utilise reproduisent des biais ou sont entraînés sur des contenus légalement acquis. Elle se demande même s’il est éthique que l’IA trie les dossiers de candidatures à sa place, la laissant ne consulter que les profils «les plus pertinents».
Ce genre de situation se répète quotidiennement dans de nombreuses entreprises en Suisse: l’IA au travail est déjà une réalité bien ancrée dans de nombreux bureaux. Ce constat souligne l’urgence, pour les directions, les départements juridiques et les professionnel·le·s RH, d’agir de manière proactive. Il ne suffit plus de se concentrer uniquement sur les bénéfices technologiques – il s’agit de créer un pont entre technologie et responsabilité humaine.
L'efficacité au prix de l’emploi?
Pour beaucoup d’organisations, cette adaptation prendra la forme d’un apprentissage progressif. Avant toute chose, elles doivent clarifier les fondements technologiques et juridiques afin de maîtriser les risques, notamment en matière de protection des données et d’éthique. Une fois cette base posée, elles pourront exploiter les gains de productivité et développer de nouvelles offres de services.
Mais elles devront aussi répondre aux inquiétudes de leurs employé·e·s. Car cette quête d’efficacité et l’évolution des modèles économiques suscitent de vives inquiétudes: près de la moitié des répondant·e·s de notre étude disent craindre de perdre leur emploi au cours des cinq prochaines années en raison de l’usage croissant de l’IA dans leur entreprise. Un ressenti renforcé par le fait que beaucoup ne maîtrisent pas ces outils et comptent sur leur employeur pour assurer leur montée en compétences.
Le potentiel de l’IA générative est immense. Les entreprises ne doivent ni être paralysées par les défis techniques, ni aveuglées par les promesses technologiques. L’IA au travail est appelée à transformer durablement le monde professionnel. Pour les employé·e·s comme pour les employeurs, un engagement constructif est essentiel.
Les salarié·e·s bénéficieront de processus simplifiés et d’une efficacité accrue. De leur côté, les entreprises ont la responsabilité d’anticiper les répercussions sur l’emploi et d’investir dans la formation de leur personnel. Cette dynamique permettra de nouvelles formes de collaboration entre humain et IA.
Une priorité absolue s’impose: développer les compétences en IA des cadres RH. Ils doivent se familiariser avec ces outils, et apprendre à les intégrer à leur expertise en matière de design organisationnel, de formation, de systèmes de récompenses et de leadership. Car ce sont eux qui auront la tâche cruciale d’implanter ces innovations technologiques tout en préservant la culture d’entreprise. Cela suppose une ouverture à l’expérimentation et le développement de nouvelles compétences stratégiques.
À propos de l’enquête: L’étude « AI in the Workplace » a été menée en Suisse en juin et juillet 2023. 1002 personnes, toutes potentiellement utilisatrices d’IA générative, ont été interrogées. L’enquête offre un instantané de la diffusion de cette technologie auprès d’un segment ciblé, sans pour autant être représentative de l’ensemble de la population active suisse.