Comment les salaires ont-ils réellement évolué au cours des 9 dernières années? Sur la base des chiffres de comparaison des salaires de Landolt & Mächler, nous allons voir quelle a été l’évolution des salaires dans les secteurs industriels au cours de 9 dernières années pour des activités similaires.
Comparer, certes – mais comment?
On lit, dans la presse quotidienne, que «selon l’enquête sur les salaires, ceuxci ont augmenté de X% entre 2008 et 2017». Comment interpréter cette valeur? Quelle est sa signification concrète pour moi si je suis mécanicien, spécialiste RH ou directrice de département?
Nous avons analysé l’évolution des salaires au cours des 9 dernières années pour 12 profils standards d’exigence (niveaux de fonctions). La base a été constituée par la matrice de fonctions de Landolt & Mächler (voir extrait à l’ill. 1). Cela permet de comparer des «pommes avec des pommes».
Les 12 niveaux de fonctions peuvent être regroupés en 3 grandes catégories:
- Niveaux de fonctions 1–3: activités apprises jusqu’au niveau d’entrée pour les profils avec diplôme de formation élémentaire
- Niveaux de fonctions 4–7: profils typiques pour les professionnels titulaires d’un certificat fédéral de capacité
- Niveaux de fonctions 8–12: profils typiques pour les diplômés universitaires (profil ES avec au moins 2-3 ans d’expérience) ainsi que pour les fonctions d’encadrement
Evolution des salaires suisse entre 2008 et 2017
Pour réaliser l’évaluation, des données salariales (hors salaires des CEO) ont été collectées auprès d’environ 500 entreprises issues de toutes les régions de la Suisse. La majeure partie des entreprises provenait, que ce soit en 2008 ou en 2017, du secteur industriel.
L’évolution des salaires par niveau de fonction constitue une image qui, au premier abord, ne conforte que partiellement les opinions généralement répandues. La hausse moyenne des salaires pour tous les niveaux de fonctions a atteint +6,3% (hors inflation, donc augmentation réelle) avec un intervalle compris entre +3,2% et +11,3% (voir l’ill. 2).
Si l’on considère le graphique, on s’aperçoit que les salaires des activités les plus simples (niveau de fonction 1) sont ceux qui ont le plus fortement augmenté. Par contre, pour les collaborateurs aux tâches sensiblement plus exigeantes (niveaux de fonction 3), la hausse a été pratiquement nulle.
Depuis des années, on parle sous forme omniprésente de la rareté des cadres. Les activités classiques pour les professionnels qualifiés avec CFC relèvent des niveaux de fonction 4 à 7. Avec une hausse de 5,1% depuis 2008, ce groupe professionnel a bénéficié d’une croissance de salaire légèrement au-dessous de la moyenne, ce qui est étonnant.
Pour les postes qui sont typiquement occupés par des universitaires, on constate une image différente. Les détenteurs de postes ayant peu d’expérience professionnelle ont moins bénéficié d’augmentations de salaire. Par contre, les postes exigeants de cadres et d’experts techniques ont fait l’objet de réévaluations salariales supérieures à la moyenne.
Ce qui vaut véritablement la peine
En matière de salaire, attendre en buvant une tasse de thé constitue une mauvaise approche. Il vaut mieux en avoir plus dans la poche en fin de mois. Ces dernières années ont montré clairement qui a gagné plus, mais il faut aussi les mettre en concordance avec ceux qui ont dû faire plus et qui ont dû se perfectionner de manière conséquente. Last but not least, il faut permettre aux individus d’assumer des tâches plus exigeantes avec plus de responsabilités.
Comme on le voit à l’illlustration 3, la reprise de tâches plus exigeantes améliore sensiblement le niveau de salaire. Exemple: un mécanicien suit une formation professionnelle et passe du niveau de fonction 4 au niveau de fonction 5. Sa valeur sur le marché augmente ainsi d’environ 10,5%. Les entreprises qui n’adaptent pas le salaire à la valeur supérieure sur le marché encourent le risque de perdre leurs spécialistes au profit de la concurrence.
Résumé et perspectives
La manière dont les salaires évoluent à long terme en Suisse dépend de facteurs qui sont difficilement prévisibles. Même si l’horizon devrait s’éclaircir dans un avenir proche – ce qui semble réellement le cas à l’heure où nous écrivons ces lignes – la pression sur les coûts qui vient de l’extérieur et l’incertitude qui pèse sur le change risquent de durer.
L’accumulation des compétences demandées par l’économie s’avère payante à long terme. Avec une formation de base complète et un perfectionnement professionnel ultérieur, il est plus facile de trouver et de conserver des postes attrayants dans le secteur industriel. Simultanément, des potentiels existent dans les entreprises pour le groupe d’âge des 45–55 ans. Il est intéressant de constater que les membres de cette catégorie sont représentés sous forme supérieure à la moyenne dans les cours de perfectionnement professionnel et dans les séminaires spécialisés.