Travailler à temps partiel: Concevoir le travail à temps partiel de l'avenir

De nos jours, les modèles flexibles de temps de travail ne peuvent plus être écartés du monde actuel du travail et ils contribuent sous forme majeure à l'attrait de l'employeur. Dans ce contexte, le travail à temps partiel joue un rôle important. Toutefois, malgré le fait que travailler à temps partiel soit largement répandu et légalement protégé contre toute discrimination, cette forme d'emploi peine encore à être pleinement acceptée socialement et professionnellement en Suisse. Des barrières culturelles persistent, particulièrement pour l'accès aux postes de direction et pour les hommes, même si les mentalités évoluent progressivement.

02/06/2025 De: Équipe de rédaction de WEKA, Barbara Zehnder
Travailler à temps partiel

Tout le monde sait que les modèles flexibles de temps de travail sont des éléments importants par rapport à l'attrait de l'employeur. Ils peuvent influer positivement à la fois sur l'acquisition de nouveaux talents et sur la fidélisation des collaborateurs existants. Mais, si l'on analyse le thème du travail à temps partiel, on constate qu'il existe toujours un important besoin de correctionsL'acceptation sociale de travailler à temps partiel en général ainsi que les limitations possibles dans les carrières préviennent encore de nombreuses femmes et beaucoup d'hommes à se décider en faveur de cette forme d'emploi.

Travailler à temps partiel; une évolution continue et significative

La tradition du temps partiel est de se conjuguer au féminin. De nos jours, toutefois, ce sont des employés parfaitement qualifiés des deux sexes qui sont intéressés à travailler à temps partiel. Les motifs sous-jacents sont multiples et ils dépendent généralement de la phase correspondante de leur vie. La conception des postes à temps partiel doit correspondre, idéalement, aux qualifications et aux aptitudes ainsi qu'aux attentes envers l'avenir des collaborateurs – comme c'est le cas pour les collaborateurs à plein temps.

Du point de vue de l'entreprise, ce sont surtout les mégatendances telles que le manque de main-d'œuvre qualifiée, les mutations des valeurs et l'évolution démographique qui ont une influence sur la promotion et la poursuite du développement du travail à temps partiel. En ce qui concerne le déficit escompté en termes de main-d'œuvre, il faut par exemple se concentrer sur une espérance de vie prolongée ainsi que sur l'activité accrue du personnel féminin. Proposer des postes à temps partiel est une possibilité offerte aux entreprises de s'engager vers un segment de main-d'œuvre et de pouvoir convaincre des collaborateurs qualifiés qui, sinon, n'auraient pas été convaincus par des modèles rigides de temps de travail.

En 2024, selon les dernières statistiques de l'Office fédéral de la statistique, 39,4% des travailleurs suisses évoluent à temps partiel, confirmant une progression constante de cette forme d'emploi. Cette évolution touche particulièrement les hommes, dont la participation au temps partiel continue de croître significativement. Ces chiffres montrent bien que le travail à temps partiel est de plus en plus important, que ce soit du point de vue social ou de l'entreprise.

Il convient également de noter qu'en 2024, malgré une légère augmentation du nombre total d'heures travaillées (+0,1%), celle-ci résulte principalement d'une augmentation du nombre d'emplois (+0,8%) presque entièrement compensée par une baisse de la durée effective par emploi (-0,7%). Cette tendance illustre une préférence croissante pour des modèles de travail plus flexibles, même si elle fait l'objet de débats politiques concernant ses implications sur les recettes fiscales et les cotisations sociales.

La culture et la compréhension de la direction sont des facteurs décisifs

Dans les entreprises interrogées, tout le monde connaît les modèles courants de travail et dispose de directives correspondantes. Bien que celles-ci soient valables pour l'ensemble de l'entreprise, les réponses relatives au statut actuel et à l'acceptation du travail à temps partiel dans les différents départements et fonctions ne peut pas être plus disparate. Toutes les personnes interrogées se sont déclarées d'accord sur le fait que le/la supérieur/e hiérarchique exerce dans ce contexte une grande influence, indépendamment du modèle qui a été sélectionné.

Dans la plupart des cas, il s'agit d'une question de culture, d'une question d'état d'esprit. De nombreux supérieurs hiérarchiques souhaitent conserver leur style traditionnel de direction et veulent que leurs collaborateurs soient en permanence disponibles sur place. Pour le travail à temps partiel, comme pour les autres formes de flexibilisation du temps de travail, il faut une compréhension moderne de direction et une culture basée sur la confiance. Cette évolution vers un management par objectifs plutôt que par présence s'avère d'autant plus nécessaire dans le contexte post-pandémie, où les attentes des collaborateurs ont considérablement évolué en matière d'équilibre vie professionnelle-vie personnelle.

Les tendances managériales de 2025 soulignent l'importance d'un leadership partagé basé sur les compétences plutôt que sur la position hiérarchique, particulièrement adapté à la gestion d'équipes en temps partiel. Et la base de confiance doit encore être construite en de nombreux endroits.

L'impact transformateur de la pandémie COVID-19

La pandémie a profondément transformé la perception du travail flexible. Bien que le télétravail pur ait reculé depuis 2021, les modèles hybrides se sont durablement ancrés dans les pratiques, créant un environnement propice au développement du temps partiel. Les collaborateurs ont pris conscience que l'équilibre de vie constitue une priorité, renforçant leur intérêt pour des modèles de travail plus souples. Cette période a également prouvé que la performance ne dépend pas uniquement de la présence physique, ouvrant la voie à une évaluation basée sur les résultats plutôt que sur le temps de présence.

Les attentes renouvelées de la génération Z

L'arrivée de la génération Z sur le marché du travail modifie profondément les exigences professionnelles. Cette génération, née après 1997, place l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle au cœur de ses préoccupations et refuse catégoriquement les modèles rigides. Contrairement aux générations précédentes, elle n'hésite pas à quitter un emploi si ses valeurs ne sont pas respectées. Pour ces jeunes talents, le temps partiel représente souvent une stratégie réfléchie pour préserver leur bien-être mental tout en développant des projets personnels. Les entreprises qui négligent cette réalité s'exposent à perdre des compétences essentielles à leur développement.

Des outils concrets pour accompagner le changement

Solutions éprouvées de gestion des temps

Les entreprises suisses disposent aujourd'hui d'outils performants pour gérer efficacement le temps partiel. Kelio, solution de référence en Suisse, permet le suivi des horaires et des activités tout en intégrant l'ensemble des processus RH. Eurécia Planning, utilisé par plus de 3000 entreprises, simplifie la gestion quotidienne du personnel en synchronisant les absences et en optimisant les notifications. Pour les grandes organisations, SIGMA-RH offre un module de planification capable de gérer des contraintes horaires complexes et de prévoir les besoins en effectifs.

Ces solutions intègrent des fonctionnalités essentielles : gestion automatisée des absences, intégration des congés et arrêts maladie, suivi des heures supplémentaires, et connexion directe avec les systèmes de paie. Elles garantissent le respect des obligations légales tout en s'adaptant aux évolutions de l'activité et aux contraintes individuelles des collaborateurs.

Indicateurs de performance adaptés

La mesure de la performance du temps partiel exige des indicateurs spécifiques. La productivité horaire remplace avantageusement les mesures basées sur la présence. Le taux d'atteinte des objectifs permet de calculer le ratio des objectifs atteints, non-atteints et partiellement atteints par département ou équipe. L'Employee Net Promoter Score (eNPS) mesure l'engagement des collaborateurs à temps partiel, indicateur crucial pour évaluer leur satisfaction.

Les KPI organisationnels incluent la répartition entre temps plein et temps partiel dans la structure, le coût par collaborateur équivalent temps plein pour mesurer l'efficacité, et le taux de rétention des talents à temps partiel, révélateur de la qualité de l'environnement de travail proposé.

Approches managériales renouvelées

Le succès du temps partiel (travailler à temps partiel)  repose sur une transformation des pratiques managériales. La formation des managers au pilotage par objectifs et à la gestion de la confiance constitue un prérequis. Le développement de rituels de feedback réguliers maintient l'engagement des équipes mixtes. L'utilisation d'outils de gestion visuelle comme Asana ou Wrike, avec leurs affichages calendrier, Kanban ou chronologie, facilite la coordination des projets impliquant des collaborateurs à temps partiel.

Les tableaux de bord RH automatisés offrent une visualisation en temps réel des performances, tandis que l'automation de la collecte et du traitement des données simplifie le suivi des indicateurs. Ces outils permettent aux managers de se concentrer sur l'accompagnement plutôt que sur le contrôle administratif.

L'intégration réussie des collaborateurs à temps partiel nécessite également de garantir leur accès aux mêmes opportunités de carrière et de les informer systématiquement des postes à temps plein disponibles. Des contrats de travail clairs et des conditions de travail appropriées préviennent toute forme de discrimination et assurent un traitement équitable.

Conclusion: Vers une nouvelle conception du temps partiel

Travailler à temps partiel en Suisse se trouve aujourd'hui à un tournant décisif. Si les chiffres témoignent d'une adoption croissante et d'une évolution positive des mentalités, particulièrement chez les hommes, des défis culturels et managériaux persistent. L'enjeu pour les entreprises suisses romandes n'est plus de savoir si elles doivent proposer du temps partiel, mais comment le concevoir pour qu'il devienne un véritable levier de performance et d'attractivité.

La transformation initiée par la pandémie, combinée aux attentes renouvelées des nouvelles générations, crée une opportunité unique de repenser les modèles de travail. Les entreprises qui sauront dépasser les résistances traditionnelles et développer une culture basée sur la confiance et les résultats prendront une longueur d'avance sur leurs concurrents. Elles bénéficieront non seulement d'un accès élargi aux talents, mais également d'une amélioration de l'engagement et de la fidélisation de leurs collaborateurs.

Le succès repose sur trois piliers fondamentaux : une direction engagée qui considère le temps partiel comme une forme de travail de même valeur, des managers formés au leadership moderne, et des outils adaptés pour mesurer la performance autrement que par la présence. L'avenir du travail à temps partiel en Suisse dépendra de la capacité des organisations à transformer cette évolution sociétale en avantage concurrentiel durable.

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